Autrefois : cornards, coqus…cocuage.

Autrefois : cornards, coqus…cocuage.

Tout un bestiaire fut associé au mot « cocu » :
Le « coucou » dont il tira son nom (ce fut au XVI ème siècle que le mari trompé – appelé jusque là « coux » – se transformait en cocu et que l’oiseau – encore appelé « coqu » par Bouchet à la fin du XVIe s. – devint le coucou).
 D’autres noms d’ animaux, plus familiers, furent en rapport étroit avec le cocu, dont ils manifestaient  l’ambivalence;
  • dans la région méditerranéenne, le mari trompé était un « bouc »
Au XVIe siècle, ses cornes étaient l’emblème le plus connu du cocuage.
Paradoxalement, elles étaient un symbole de virilité et de fécondité (bouc, bélier, taureau, cerf). 
Elles apparaissaient notamment dans les déguisements de carnaval (la période où les cours burlesques jugeaient les cocus) et dans les fêtes de cocus.
  • dans la région du Nord,  le coq  était associé au cocuage : « coqu » 
Le taste-poule : terme populaire d’un mari qui s’occupait de tâches domestiques dans un couple.
Caricatures d’un taste -poule.
   

 

 

 

 

 

 

Mari trop complaisant, gravures vers 1640. 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si l’adultère était un péché et un crime, que punissaient les lois humaines et divines,  » le cocuage » en était la face imaginaire et ludique.

Il connut vers la fin du Moyen Age une sorte d’apogée : après le fou et les diables, « le cocu » était l’un des grands personnages de la culture de la fête populaire et de la littérature facétieuse : personnage malheureux et infortuné, il appartenait à la fête car il provoquait le rire plutôt que l’indignation ou la compassion.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n’y a pas trace de femme cocue
Pourquoi  les hommes étaient-ils seuls cocus ? 
Tromper son conjoint était d’abord un comportement de mâle, qui coïncidait avec d’autres formes d’exploitation féminine : l’âge d’or de l’adultère masculin, du viol et de la prostitution.

 
LA CONFRERIE DES CORNARDS :

 

Cette société était une sorte d’académie de bons vivants, fondée au lendemain des guerres de religion. Ses membres formaient cortège et allaient festoyer.

Lors du rite d’intronisation d’un nouveau membre de la confrérie, celui-ci et tous les compagnons devaient embrasser un peuplier qui se trouvait là. 
Les « bons compagnons » se définissaient par un comportement sexuel spécifique, qui créait entre eux un lien puissant : ils se partageaient une même femme, s’entendaient pour faire cocu un troisième homme ou bien se cocufiaient entre eux.
Comme toutes les confréries, celle qui regroupait les maris trompés possédait un livre de rôles, un lieu de réunion (la taverne), une bannière (pour processionner), un saint patron .

 

 

Ci-dessus : la maison des Cornards du Puy. On y voit un masque grimaçant ou barbu, sculpté en ronde-bosse dans la pierre, et ornée d’une magnifique paire de cornes.

On disait aussi d’un cocu qu’il faisait partie de « nos amis ». Car le cocu avait de nombreux amis : ceux de sa femme étaient aussi les siens ; ils le cajolaient toujours et parfois l’engraissaient. Le cocu était donc un personnage très sociable.
LES SOUFFLACULS :

Une tradition qui remonte au Moyen-Age, mélangeant profane et sacré, lorsque les moines, tout de blanc vêtus, descendaient en file dans le village en activant un soufflet en direction de celui qui le précédait pour chasser les démons.

Ci dessus : bas-relief d’une stalle du XVIème siècle de la Collégiale Notre-Dame de Villefranche de Rouergue.

Au XVII ème siècle, parmi les cérémonies rituelles des pénitents blancs de St Claude, il s’en trouva une qui prit de l’importance. 
Le jour du carême, les confrères se rendaient à l’église pour y recevoir les cendres. A cette occasion, le prieur sollicitait le Seigneur afin, aux 4 coins de la ville, d’éloigner de la cité le diable et ses maléfices. Un confrère muni d’un soufflet avait ainsi  pour mission de chasser Satan où qu’il se réfugiât… 
Au XIX ème siècle on eut l’idée de localiser le lieu de prédilection dudit malin sous les robes des femmes…
Selon la tradition, les festivités duraient 3 jours de haute liesse.
  • – Le premier, les « raiguiseurs » proposaient leurs services pour affûter les couteaux en perspective des agapes du carnaval.
  • – Le second, les sauteurs de « plon-plon » faisaient bondir et rebondir un mannequin représentant un personnage contre lequel sévissait, à tort ou à raison, la vindicte populaire.
  • – Le troisième jour, munis de liquettes ancestrales, coiffés d’un bonnet en coton et les traits cachés derrière une visagère, « les Soufflaculs » s’en allaient chasser le malin. Toutes les dames et damoiselles de St Claude étaient ainsi par le soufflet dûment purifiées !

AUJOURD’HUI :

Toute la journée, ces grivois lurons, habillés d’une chemise de nuit blanche, d’un bonnet de nuit assorti et armés d’un soufflet, auront pour délicate mission de chasser les démons dans les moindres recoins, et donc bien sûr… sous les jupes des filles aussi! 
Le visage noirci, coiffés d’un bonnet de nuit, vêtus d’une longue chemise de femme qui les font ressembler à des ramasseuses de sarments, les jeunes gens marchent en file indienne, portant une chandelle allumée et un soufflet de cuisine avec lequel chacun d’eux est censé éteindre la chandelle de celui qui le précède en lui soufflant au derrière.
Les hommes, travestis en femmes, affublés de longues chemises , la tête recouverte d’un bonnet de coton, un soufflet de cuisine dans les mains, se rangent à la queue leu leu et tournent en cercle, dans la nuit, au son du hautbois et des cymbales. Leur geste, leur instrument et leur cible, font de cette danse une parodie de sodomie.
Pour conserver sa nature de mâle, il faut donc éviter de se faire sodomiser. Tel paraît être le sens de la Danse du feu aux fesses, attestée un peu partout dans l’Hérault et les Pyrénées-Orientales.

Les jeunes gens ont un tortillon de papier accroché au bas de leur chemise et tiennent à la main une bougie : le jeu consiste à mettre le feu au papier du danseur qui précède, tout en échappant à la flamme de celui qui se trouve derrière. Tout en suivant le rythme de la musique et sans perdre la file, chaque homme essaie de souffler au cul de celui qui le précède. 

Aujourd’hui, les communes de Saint-Claude et Nontron en Dordogne perpétuent encore cette tradition.
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Sources :
 » Au bonheur des mâles. Adultère et cocuage à la Renaissance. 1400-1650″ de Maurice Daumas /Paris Armand Colin, 2007.

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